Le site photo de Jean-Jacques MILAN

 

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (1793)

 

Article 19  -  Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de reprendre sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.

 

Article 35  -  Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

 

Je ne suis pas toujours entièrement d'accord avec le contenu des documents mentionnés dans ce blog,

notamment dans les Annales, 

mais je vous les signale car ils posent de vrais problèmes et peuvent vous faire réfléchir, réagir, ou

vous amener à voter autrement la prochaine fois !

Capitalisme vert : le double visage d’Emmanuel Macron

19/04/2020

Emmanuel Macron ne choisit jamais par hasard les titres de presse dans lesquels il s’exprime. La semaine passée, il aura donné deux grands entretiens à destination internationale. Signe qu’après avoir assuré le rôle de commandant en chef de la France « en guerre », il est
maintenant temps pour lui de jouer le VRP du
« monde d’après » sur la scène internationale.


Le 14 avril, c’est à RFI, radio française principalement destinée à l’Afrique francophone, qu’il prend les devants pour proposer un moratoire sur la dette des pays africains, voire, à terme, son annulation massive. Puis, vient une seconde interview, le 16 avril, dans le grand quotidien économique britannique
Financial Times, titre de référence en Europe et dans le monde. Le président de la République y défend la nécessité de repenser le capitalisme aux niveaux européen et international.

 


Lapalissades en cascade


Emmanuel Macron y exprime sa conviction, dit-il, que la crise du coronavirus va « changer la nature même de la mondialisation dans laquelle nous vivons depuis quarante ans. Il est clair qu’elle arrive à la fin d’un cycle et qu’elle affaiblit la démocratie », poursuit-il. Pour faire face, le chef de l’exécutif plaide pour que l’Union européenne retrouve un « projet politique » et montre qu’elle n’est pas juste un « projet de marché ».

« Quand c’est un projet politique, d’abord, l’humain est au premier chef, détaille-t-il. Il y a des notions de solidarité qui se jouent, et ensuite l’économique en procède. N’oublions jamais que l’économie est une science morale. »


Le président français continue l’entretien en jouant la carte écologique : la pandémie est, selon lui, l’opportunité historique d’affronter le  échauffement climatique. Là-dessus, Emmanuel Macron est un peu Christophe Colomb découvrant l’Amérique : la moitié de l’humanité est déjà au courant, mais il espère en tirer le plein mérite. Quitte à débiter des lapalissades : « Le risque climatique semble lointain quand il affecte l’Afrique ou le Pacifique. Mais quand il nous atteint, c’est l’heure du réveil. » Analysant la crise comme un « profond choc anthropologique », il pense que ce choc nous aura appris que «personne n’hésite à prendre des choix profonds, brutaux, quand il s’agit de sauver des vies. C’est la même chose pour le climat ».


Voilà pour le discours. Sur la forme, rien de très nouveau en soi : Emmanuel Macron a toujours soigné et teinté de vert son image de jeune  eader dynamique sur la scène internationale,
jamais avare en punchlines de communicant. On se souvient de son « Make Our Planet Great
Again »,
censé marquer sa différence avec son homologue américain Donald Trump. Une belle leçon de marketing politique mais la planète, elle, attend toujours.

 


En France, des aides aux secteurs polluants


En France, on peine à entrevoir la traduction en actes du fameux « jour d’après ». Exemple avec le projet de loi de finances rectificative (PLFR), voté samedi à l’Assemblée. Le texte jette les bases législatives du plan d’urgence de 110 milliards d’euros annoncé le 15 avril et promet
20 milliards aux grandes entreprises
« stratégiques » – parmi lesquelles Air France ou Renault, des secteurs polluants. Les députés de la majorité ont refusé les amendements de la députée écologiste Delphine Batho ou de l’ex-macroniste Matthieu Orphelin qui proposaient des contreparties environnementales à ces firmes en échange de l’aide d’État, comme la réduction de leur empreinte carbone. « L’État actionnaire va à l’encontre de l’État-stratège », regrette Matthieu Orphelin, rejoint par le porte-parole de Greenpeace, Clément Sénéchal : « On repart tout droit vers le monde d’avant, à vitesse grand V. »

 

Si un amendement de LaREM a été voté dans la nuit pour que ces entreprises soient «exemplaires » en termes de responsabilité sociale et environnementale, « en particulier en matière de lutte contre le changement climatique », il est prescriptif et n’impose rien. Pour le choix

« brutal et profond», on repassera.


Seuls groupes à avoir voté contre le texte, les députés insoumis et communistes ont également dénoncé l’absence de contreparties sociales et environnementales, et rappelé que le projet de loi refuse de mettre à contribution grandes entreprises et grosses fortunes, en rejetant toute discussion sur un retour de l’ISF.
« Ne refaisons pas comme en 2008, où on a socialisé les pertes et privatisé les profits ! » s’est ainsi indigné Éric Coquerel (FI) dans l’Hémicycle. « Vous faites payer le travail, comme avant. Nous voulons faire participer le capital », a aussi tancé Fabien Roussel (PCF). Il faut croire que le « choc anthropologique » que vit le chef de l’État n’a pas encore atteint les bancs de sa majorité.